Pour souligner les 150 ans du Canada, Roche Bobois, Art Toronto et Canadian Art Foundation se sont associés le temps d’une exposition, le 23 novembre dernier, à l’enseigne du célèbre fabricant de mobilier. Cinq artistes, venant de partout au Canada, ont recréé un coussin du canapé iconique Mah Jong. Clients et designers d’intérieur étaient invités à célébrer le projet artistique Canada 150 et à participer aux enchères des pièces ainsi créées en soutien à la Canadian Art Foundation. De ces artistes talentueux, deux coussins ont particulièrement attirés mon attention.

Cette artiste originaire de Cape Dorset dessine depuis son plus jeune âge. Elle aborde des thèmes traditionnels autant que contemporains. Ses lignes ondulées créent des images fortes supportées par des compositions équilibrées. En plus d’être une artiste graphique, elle est aussi écrivaine et illustratrice.

De la pure poésie! Mon coup de cœur, sans contredit! Pour son interprétation du coussin Mah Jong, l’artiste s’est inspirée d’un conte inuit, « Le hibou et le corbeau », qui raconte comment ces deux oiseaux ont obtenu la couleur de leur plumage. Au départ, ils étaient tout blancs. Inventant un nouveau jeu, ils s’amusent à se colorer l’un l’autre avec de la suie. Estimant que son plumage est moins bien réussi, le hibou est si jaloux du corbeau qu’il lui lance tout le seau de suie! Depuis ce jour, le corbeau est tout de noir vêtu. J’apprécie de N. Teevee la finesse de son dessin, le jeu de contraste noir-blanc, le sens donné à cette création appuyé par ce conte inuit.

Patrick Cruz est un artiste et un organisateur philippino-canadien partageant son travail entre Vancouver, Toronto et Manille. Il interprète, dans sa pratique multidisciplinaire, la notion d’ornement comme une stratégie de réenchantement et de déstabilisation.

Dans cette création, toujours à partir du coussin Maj Jong, Patrick Cruz s’est inspiré de dessins ancestraux, de symboles alchimiques et de graffitis. Un ensemble de symboles et de lignes figuratives basé sur différents langages visuels. Ce que j’aime, dans son interprétation, c’est la force et l’esthétique qui s’en dégage, à la fois primitive et universelle. Comme si on pouvait en faire la lecture.